Recherches


EPSA : Espace Projectif du Soi Archaïque

Ou l’exploration du Soi (Self) dans l’insolite de l’univers.

L’EPSA est un dispositif projectif que j’ai créé a visé thérapeutique (Ma thèse de Doctorat).

J’ai sélectionné 23 photographies de divers objets célestes comme support projectif. Avec ces photos, l’impact esthétique est indéniable et donc la mobilisation d’affects que je tente d’explorer en recueillant les impressions sur les photos proposées. Le déroulement de la passation, dont je ne peux donner les détails dans cet article, vient questionner le sentiment de soi (le Self) actuel et archaïque.

Faire passer l’EPSA c’est comme tendre un miroir. Faire ressortir des émotions. Parler de soi via l’affect et l’émotionnel. C’est un voyage entre l’archaïque et des ressentis plus secondarisés. Entre ce que le sujet n’a pas saisi de lui (inconscient) et qui peut être en attente d’une mise en représentation. C’est aussi un message envoyé au patient : c’est son être émotionnel, ce qu’il est au plus profond de lui-même que nous explorons, le « vrai Self » dirait Winnicott, le « Soi émergent » pour D. Stern…

L’EPSA permet d’observer chez l’adulte les impacts liés aux premiers stades de développement, le Soi archaïque : le traitement de l’affect, les interactions précoces, les éventuels troubles dus à des déficiences dans l’accordage…

L’EPSA est un outil d’exploration de certains processus importants dans la construction de la subjectivité, et permet d’affiner notre regard clinique concernant les troubles identitaires narcissiques, états-limites, pathologies de la dépendance…

Plus qu’une visée diagnostique, l’EPSA est un outil de médiation, favorisant la symbolisation et trouve toute sa place dans une prise en charge thérapeutique.

Le Soi (Self) et les affects.

Avec ce dispositif, je m’intéresse principalement aux ressentis, aux émotions, aux sentiments. Ils sont les témoins des difficultés spécifiques de chaque sujet face aux capacités de penser, d’élaborer psychiquement cette prise de conscience de soi et sa condition d’être humain. Le sujet est ramené à des questions existentielles…sans réponses. Le dispositif de l’EPSA permet d’observer les réactions émotives du sujet face à l’environnement cosmique. Ses représentations, ses défenses, l’élaboration ou l’évitement de certains conflits, les tentatives de maîtrise… Je prends donc l’hypothèse d’une maturité du développement psycho-affectif du sujet selon plusieurs critères déjà définis par différents théoriciens prenant en compte l’affect, son rôle dans la communication et la représentation. Winnicott, Bion, Rosolato, Meltez, Kohut, Stern…

Le développement psycho-affectif et le Soi (Self) :

Relations précoces du bébé avec son environnement.

Le nourrisson arrive dans notre monde, totalement dépendant de son environnement. Il est en danger physique, psychique… Dans la relation et la communication avec sa mère, il va découvrir progressivement son environnement. Il va apprendre à penser avec l’autre. Grâce aux soins de sa mère suffisamment bonne, à l’accordage…il va fabriquer son propre appareil à penser les pensées…En fait, sortir du Réel (lacanien) pour se fabriquer sa réalité psychique. Faire des représentations, c’est déjà tolérer de ne pouvoir intégrer en soi tout de ce Réel.

Le nourrisson doit bénéficier d’un environnement rassurant et sécurisant. A travers les relations qu’il va développer avec sa mère qui saura calmer ses débordements affectifs (fonction alpha).
Le nourrisson va ressentir cet environnement de façon tout à fait singulière et sa capacité à s’autonomiser physiquement et psychiquement sera spécifique et portera les traces de ses ressentis émotionnels : le soi archaïque ou émergent.
Quoi qu’il en soit, c’est bien dans la dualité que son sentiment d’être apparaît. L’importance de l’accordage affectif dans la subjectivation et l’intersubjectivité (Stern) permet de mettre en évidence le rôle essentiel des affects dans le sentiment de soi et la communication avec l’autre.

Pour sortir de cette dualité (qui n’est pas la fusion) et atteindre un sentiment de soi subjectif indépendamment de l’autre, il devra expérimenter sa « capacité d’être seul en présence de » sa mère, pour finalement réussir à « penser » et « se penser » seul.
L’acquisition de ces processus impose un renoncement de cet autre régulateur de soi et entraîne un sentiment de solitude. Ce sentiment peut, pour différentes raisons, ne pas être toléré et le sujet ne cessera toute sa vie durant de combler sa solitude avec la quête d’un autre, ou calmer son mal-être dans des comportements addictifs... A l’inverse, cette solitude existentielle poussera le sujet vers les autres, ses alter ego, avec qui il pourra partager ses ressentis émotionnels et se sentir moins seul.

La maturité du soi affectif peut se définir ainsi : la tolérance et l’acceptation des affects, émotions, sentiments… provoqués par les conflits à se penser sujet. La capacité à ne pas être « déborder » affectivement sans trop d’évitement et d’inhibition. L’élaboration psychique et verbale de ces conflits (le partage et la communication avec autrui).